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July 6, 2013

Marc Dykmans - L’oeuvre de Patrizi Piccolomini ou le cérémonial papal de la première Renaissance


Avant-propos : Arrivée au XVe siècle, la liturgie papale s’arrête, pour ainsi dire, jusqu’à ce qu’Agostino Patrizi Piccolomini la suive, telle qu’elle était sous Nicolas V et resta sous Pie II, Paul II et Sixte IV, puis en reprenne amplement, sur l’ordre d’Innocent VIII, la présentation complète pour la période de la Renaissance. Son livre est long et il nous faut deux tomes pour l’éditer avec les explications nécessaires. Encore celles-ci se réduisent-elles souvent à l’étude des sources immédiates, telles qu’elles sont éditées par nous aux quatre volumes du Cérémonial papal publiés par l’Institut historique belge de Rome de 1977 à 1983. Elles s’efforcent aussi de faire voir les rites et les protocoles qui furent pratiqués jusqu’à la fin du Xve siècle, voire jusqu’en 1506, à la mort de Jean Burckard, collaborateur de Patrizi. Après cette période, arrêtée en général à 1500, la liturgie papale devra faire l’objet de deux nouveaux volumes, consacrés au Diaire de Paris de Grassi, mais où on ne s’interdira pas de reprendre l’influence du Cérémonial de Patrizi, resté jusqu’à nos jours, ou du moins jusqu’au concile du Vatican II, la grande autorité en curie romaine. C’est elle, pour cite un exemple, qu’à l’époque baroque, le pape Urbain VIII invoque, à l’égal de l’Hostiensis et autres commentateurs des Décrétales, pour décider des règles à suivre dans les procès de canonisation (Bulle du 13 mars 1625).

Le lecteur du livre est ainsi averti. L’ouvrage est bien de la Renaissance, faisant charnière ente le moyen âge et les temps modernes. Le culte divin y reste l’objet premier. Le culte du pape, en tant que vicaire du Christ, y prend toutefois une place parfois en apparence prépondérante. Il est heureux que l’auteur lui-même nous ait donné de cette diffuculté une mise au point valant pour son livre et pour cette histoire. Il définit sa science ou son art : il veut savoir ou pratiquer seulement ce qui dans les cérémonies romaines est à l’honneur de Dieu ou à ceuli des hommes à cause de Dieu. On reconnaîtra à ce mot que le cérémoniaire ici à l’oeuvre mérite notre sympathie. C’est un homme discret et modéré. Il a son humble mystique.

Son style s’est adapté à son sujet. Le latin fuit les complications des humanistes. Les phrases sont pleines d’allusions et d’asymétries ou d’asyndètes. Elles évitent les répétitions et donnens souvent des références qu’on s’est astreint à identifier. L’index détaille les reprendra.

Les oubrages énumérés dans la liste que nous allons donner ne constituent pas une bibliographie des objets traités. Repris ou non en note, ils ont tous été utiles.

Cet oubrage fait suite aux quatre volumes du Cérémonial papal de la fin du moyen âge à la fin de la Renaissance publiés, comme on l’a dit, dans la Bibliothèque de l’Institut historique belge de Rome depuis 1977 : tome I, Le Cérémonial du XIIIe siècle, tome II, De Rome en Avignon ou le Cérémonial du cardinal Jacques Stefaneschi, tome III, Les Textes avignonnais jusqu’à la fin du Grand Schisme d’Occident, tome IV, Le retour à Rome ou le Cérémonial du patriarche Pierre Ameil. Les deux derniers volumes étant encore sous presse, nous y avons renvoyé en citant seulement les numéros des textes. Nous nous excusons de ce retard dû à des circonstances indépendantes de note volonté et remercions le T. R. P. Don A. Stickler, Préfet de la Bibliothèque vaticane, qui a bien voulu, à la suggestion de Mgr José Ruysschaert, accepter de publier ici, dès à présent, le Livre de Patrizi, dont l’importance justifie cette priorité.

La première Renaissance, de Nicolas V à Sixte IV, est celle où se place ce Cérémonial. On ne peut mieux se le figurer qu’au palais du Vatican, dans la chapelle présixtine. La miniature de Chantilly ici reproduite en frontspice n’est connue que depuis peu. Elle présente un multiple intérét. On remarque d’abord le pape portant la tiare pour assister à la messe. Ceci est contre toutes les règles, mais le peintre veut permettre d’identifier le pontife romain. C’est probablement Paul II plutôt que Sixte IV. On le reconnaît à son profil, nez et front qui sont bien ceux de ses médailles et moins ceux de son successeur. On regardera ensuite le sous-diacre, le diacre qui doit encenser, et à côté de celui-ci le cérémoniaire, qui donne ses instructions. On peut reconnaître en lui l’auteur de ce livre : Agostino Patrizi Piccolomini, ou un de ses collègues. On retrouve de plus la chapelle de Nicolas III et Nicolas V, ou Présixtine, représentée avec une grande sobriété, mais reconnaissable à plusieurs détails, les pavements, les marches, les bancs cardinalices, leurs draperies, et même les dernières fenêtres jumelles latérales (on ne voit rien des deux qui furent supprimées au-dessus de l’autel, en 1535, pour Michel-Ange). Plus remarquable encore est le tableau au mur du fond, l’Assomption de la Vierge, dans sa mandorle entourée seulement de quatre anges, au-dessus des saints Pierre et Paul, au lieu de la multitude d’angelots, d’anges musiciens et des douze apôtres que peindra le Pérugin et dont le dessin de l’Albertine permet d’admirer l’ensemble beaucoup moins médiéval que celui-ci (voir la planche II au tome 2). On voit aussi que ce n’est pas en 1483 que la Sixtine fut dédiée à l’Assomption mais qu’elle le fut auparavant.