Le premier jubilé
fut proclamé en 1300 par Boniface VIII. Le peuple romain et de pieux pèlerins
de toutes les parties de l’Italie se mirent en mouvement, poussés par la
tradition selon laquelle une indulgence plénière était accordée, à la fin de
chaque siècle, à tous ceux qui allaient prier sur la tombe de l’Apôtre Pierre.
La Bulle de Boniface VIII fait allusion à cette tradition.
Clément VI réduisit
l’intervalle à cinquante ans ; Urbain VI, à 33 ans. Enfin Paul II, par une
Bulle datée de 1470, fixa une période de 25 ans pour l’indiction de l’Année
jubilaire, qui fut bientôt communément appelée Année Sainte. Le mot jubilé nous rappelle un antique usage hébraique,
prescrit par la Loi de Moïse (cf. Lévitique, ch. 25, verset 8 et suivants).
Tous les 50 ans
on proclamait une grande rémission pour tous : les esclaves étaient libérés ;
beaucoup de dettes, remises ; les familles recouvraient leurs biens
originaires perdus au cours des cinquantes dernières années. Pour les hébreux,
l’Année sabbatique ou jubilaire avait une grande importance sociale et économique.
Au contraire dans l’Eglise catholique les Années Saintes ont un caractère éminemment
spirituel : ce sont des années de pleine rémission des peines dues à nos péchés.
Le Souverain
Pontife accorde l’indulgence plénière à tous ceux qui visitent les quatre
Basiliques majeures de la Ville éternelle. Avec brièveté et clarté la Bulle Jubilaeum Maximum marque les conditions nécessaires pour le gain de l’Indulgence
jubilaire (...). D’ultérieures dispositions de la S. Pénitencerie apostolique
marqueront encore les normes pour la commutation ou la réduction des oeuvres
prescrites, en certains cas exceptionels. Pour les connaître, le pèlerin pourra
s’adresser au directeur de son pèlerinage ou aux confesseurs des quatre
Basiliques patriarcales de Rome.
Que les finalités de l’Année Sainte soient d’ordre
exclusivement spirituel, le pèlerin s’en convaincra méditant le passage suivant
de la Bulle Jubilaeum maximum :
« QUANT AUX
SUPPLICATIONS QU’IL CONVIENT D’ADRESSES A DIEU, QU’ON DEMANDE TOUT D’ABORD QUE
TOUS PAR LEURS PRIERES ET LEURS PENTENCES EXPIENT EN PARTICULIER LEURS PROPRES
FAUTES, ET TENDENT A L’AMENDEMENT DES MOEURS. AINSI QU’A LA PRATIQUE DE LA VERTU
CHRETIENNE, EN SORTE QUE CE JUBILE HATE HEUREUSEMENT LE RETOUR UNIVERSEL DE
TOUS AU CHRIST. DE PLUS IL FAUT DEMANDER PAR UNE PRIERE ARDENTE QUE LA FIDELITE
DUE AU DIVIN REDEMPTEUR ET A LA SOCIETE FONDEE PAR LUI SOIT MAINTENUE PAR TOUS
DANS UN ESPRIT IRREDUCTIBLE ET AVEC UNE REELLE VOLONTE : QUE LES DROITS
TRES SAINTS DE L’EGLISE SOIENT TOUJOURS GARDES INVIOLABLEMENT CONTRE LES
EMBUCHES, LES TROMPERIES ET LES MENEES DE SES ENNEMIS ; ET AUSSI QUE CEUX
QUI NE CONNAITRAIENT PAS LA VERITE CATHOLIQUE OU QUI ERRENT EN DEHORS DU DROIT
CHEMIN, Y COMPRIS CEUX QUI MEPRISENT ET BLASPHEMENT DIEU, SOIENT ECLAIRES DE LA
LUMIERE D’EN HAUT ET TOUCHES PAR UNE GRACE IRRESISTIBLE, LES AMENANT A OBEIR
AUX PRECEPTES DE L’EVANGILE ; QUE SOIT RETABLIE AU PLUS TOT PAR TOUTE LA
TERRE ET SURTOUT DANS LES LIEUX SAINTS DE PALESTINE. UNE TRANQUILLITE SEREINE
ET UNE PAIX STABLE ; QUE LES DIVERSES CATEGORIES DE CITOYENS, AYANT MIS
FIN A LEURS HAINES ET A LEURS DISCORDES, S’ENTENDENT DANS LA JUSTICE ET DANS L’UNION
FRATERNELLE QU’ENFIN LES MULTITUDES D’INDIGENTS OBTIENNET DE LEUR TRAVAIL LE
MOYEN DE VIVRE HONNETEMENT, NON MOINS QUE LES SECOURS NECESSAIRES ET OPPORTUNS,
PAR UNE LARGE CHARITE DES PLUS PRIVILEGIES DE LA FORTUNE »
« POUR TOUT DIRE,
QUE LA PAIX TANT DESIREE REVIENNE DANS
TOUTES LES AMES, DANS LES FAMILLES, DANS CHAQUE NATION, DANS LA COMMUNAUTE
UNIVERSELLE DES PEUPLES : QUE CEUX QUI ‘SOUFFRENT PERSECUTION POUR LA
JUSTICE’ (MATH. 5, 10) AIENT CETTE FORCE INVICIBLE, QUI, DES LES ORIGINES, PAR
LE SANG DES MARTYRS FIT LA BEAUTE DE L’EGLISE : QUE LES ERRANTS, LES
CAPTIFS, LES EXILES LOIN DE LEURS FOYERS, PUISSENT AU PLUS TOT REGAGNER LEUR
TRES DOUCE PATRIE : QUE CEUX QUI SOUFFRENT AMEREMENT OBTIENNENT LE
RECONFORT DES CONSOLATIONS CELESTES : QUE LA PURETE ET LA FORCE CHRETIENNE
FLEURISSE LE FRONT DE LA JEUNESSE, ET QUE CELLE-CI RENCONTRE DANS L’AGE MUR ET
DANS LE VIEILLESSE DES EXEMPLES LUMINEUX : QUE TOUS, ENFIN, JOUISSENT DE
CETTE GRACE CELESTE, GAGE ET PREMISSES DE L’ETERNELLE BEATITUDE ».
Le livre du pélerin. Année Sainte MCML, Comité Central pour l’Année Sainte, Città
del Vaticano 1949, Introduction.