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November 3, 2011

L’Année Sainte 1925


1925 restera l’un des points culminants du règne de Pie XI. De tous les jubilés, dont on a enregisté les fastes depuis Boniface VIII, celui-ci marque, sans aucun doute, comme l’un des plus complètement réussis. Il ne faut rien moins qu’un in-quarto de mille deux cents pages pour en noter la Cronistoria, les statistiques, les actes officiels. Un million de pèlerins, de toutes langues et de toutes nations, sont venus s’agenouiller aux pieds du Père commun et de l’unique Pasteur. Six grandes canonisations furent les principales étapes de cette année jubilaire, dont aussi l’Exposition Missionnaire présenta une continuelle Épiphanie. La chrétienté du Moyen âge, la Rome de la Renaissance elle-même ne connurent de fêtes ni plus belles, ni surtout plus universelles. En l’an de grâce 1925, sous le Pontificat du glorieux Pie XI, l’Église est apparue, aux yeux du monde étonné, plus forte et plus vivante que jamais.

Le 24 décembre 1924, à la vigile de Noël, le marteau d’or du Souverain Pontife ouvrit donc cette Porte Sainte, d’où couleraient à flots le pardon et les indulgences célestes, jusqu’à ce que, l’année suivante, Pie XI, de sa truelle à manche d’ivoire, l’eût murée à nouveau pour un quart de siècle. Qui narrera ces splendeurs romaines, où souffle un air supérieur, où se déploie une effervescence de Pentecôte? A ces heures-là, l’Église, rajeunissant comme l’aigle, a plus sensiblement et invinciblement conscience de son origine, de sa maission, de sa vitalité divines.

Il faut avoir vu, à Saint-Pierre, le cortège pontifical se dérouler, comme un ruban chatoyant, pendant près de deux heures, avec les représentants d’Ordres monastiques, les chanoines, les camériers de cape et d’épée, les auditeurs de Rote, les pénitenciers, les évêques en mitres blanches, le long sillage écarlate des cardinaux... Ecco il Papa! Enfin les trompettes d’argent retentissent, un tonnerre d’acclamations se déchaîne au seuil de la Basilique; et traversant un flot de soleil, qui tombe obliquement de la coupole, Pie XI, tiare en tête, enveloppé d’une ample chape d’or, se détache, pâle d’émotion, sur le haut dossier rouge de la Sedia gestatoria, s’acheminait lentement, aux épaules de vingt sediari en livrées de brocart, vers l’autel de la Confession, où scintillent quatre-vingt-neuf veilleuses autour du tombeau de l’Apôtre.

Adossée à l’un des immenses piliers de la coupole de Michel-Ange, la vénérable et populaire statue de saint Pierre, à la barbe crépue, et dont le pied s’offre au baisement des fidèles innombrables qui y défilent depuis le VIe siècle, a revêtu, pour la circonstance, ses ornements d’apparat. Une immense chape l’entoure, et sa figure de bronze bruni prend une expression saisissante sous la tiare lourde de pierres précieuses. Entre deux cires épaisses et coloriées, qui brûlent, le Chef des Apôtres, gravement assis dans sa chaire, deux doigts de la main droite levés pour bénir et les autres doigts refermés sur les clefs symboliques, regarde passer le triomphal cortège de son deux cent soixante-cinquième successeur; et lorsque soudain leurs yeux se rencontrent, Pierre se reconnaît avec fierté en Pie XI, vicaire du Christ aujourd’hui exactement comme il le fut lui-même le premier, il y a dix-neuf cents ans!

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R. Fontenelle, Sa Sainteté Pie XI, Paris 1930, p. 41-43